Catuvolcus

Voyageurs des brumes part i

Catuvolcus
Je suis là debout face à ces grandes étendues d’eau
L’air salin et l’odeur du varech embaument mon nez
Ce grand combat de perdu, c’est à lui que je tourne le dos
En contemplant une assemblée de goélands argentés

Du haut de mon rocher, j’admire les fortes mélodies du vent
Je m’éclipse car plus rien ne sera comme les temps d’antan
Les gens des terres sont en tumulte, leur héritage est brocardé
Mais je n’ai pas suivi leurs voies, leurs cœurs se sont enflammés

En cette petite mer, où le vent lui-même a pris fuite
Alors nos navires immobilisés, dépourvus de tactique
Furent anéantis du premier jusqu’au dernier
Cordages coupés, voiles déchirées
Nos hommes affligés, extirpés puis torturés

Les vieux n’ont guère de sagesse, les jeunes versent le sang
Leurs discours ne sont que vanités, simples hommes de sang

Je suis aux aguets, j’attends le voyageur, ici je dépéris
Consterné par leurs actes, j’ai le cœur rempli de dépit

J’ai vu le malheur, la décadence
J’ai vu l’étreinte, je vois la fuite
Tel l’unique feinte

J’ai souvent fait le voyage vers le pays de l’étain
L’idée de partir réchauffe mon cœur encore incertain
Je quitte ces terres où j’ai vécu mon premier matin
Vers ce havre où je connaîtrais la fin

Soudain les brumes s’estompent et je vois l’horizon
Des huitriers pie semblent crier une oraison

Des plants de sureau noir ondoient au vent
J’entends les torrents se déverser à la mer
Au loin, j’aperçois l’épave d’une galère
Et je vois l’œuvre funeste

Je me souviens

Leurs navires errent sur nos mers
Nos navires contre leurs galères
Un temps déchiré par la guerre
Où ils ont mis à bas nos terres

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